Le Prix Jan Michalski de littérature récompense chaque année une œuvre remarquable de la littérature mondiale
Le Prix Jan Michalski de littérature est décerné chaque année depuis 2010 par la Fondation pour couronner une œuvre de la littérature mondiale. Son originalité réside dans son aspect multiculturel : il récompense des ouvrages de tous genres littéraires, de fiction ou de non-fiction, quelle que soit la langue d’écriture.
Le jury tournant, renouvelable tous les trois ans, est constitué d’écrivain·es reconnu·es pour leurs compétences linguistiques et leur ouverture à la diversité littéraire. Un siège est également attribué à un·e artiste s’intéressant à la littérature.
Seul·es les membres du jury sont habilité·es à présenter des ouvrages pour le Prix Jan Michalski, au nombre de deux par an, choisis parmi leurs lectures internationales récentes. Ni les auteur·rices ni les maisons d’édition ne peuvent donc proposer leurs titres pour les sélections.
Le ou la lauréat·e est honoré·e par une récompense de CHF 50’000.-, lui offrant la possibilité de se consacrer davantage à son travail d’écriture. Il·elle reçoit également une œuvre d’art spécialement choisie à son intention.
Édition 2025
Le Prix Jan Michalski de littérature 2025 est décerné à Guadalupe Nettel pour son ouvrage La hija única (Anagrama, 2020), traduit de l’espagnol (Mexique) en français par Joséphine de Wispelaere, sous le titre L’oiseau rare (Dalva, 2022).
L’oiseau rare
Dalva, 2022
Proposé par Andrea Marcolongo
© Germán Nájera
Le jury a salué « un roman qui explore avec une intelligence bouleversante la maternité, hors des carcans sociaux imposés aux corps des femmes, et jusque dans ses confins, dessinant un territoire pluriel, aussi politique qu’émotionnel. Une ode délicate aux complexités des identités féminines, à leurs capacités de métamorphose et, au-delà, à la puissance des solidarités sororales, par une voix majeure de la littérature latino-américaine. »
Lauréat du Prix Jan Michalski 2025, le roman L’oiseau rare de l’écrivaine mexicaine Guadalupe Nettel entrecroise les chemins de vie accidentés de trois femmes pour penser la maternité loin des normes du contrat social ainsi que donner à lire de subtiles manières de faire famille.
La narratrice Laura et son amie de toujours Alina ont longtemps partagé une complice aversion pour les injonctions à la procréation et l’assujettissement des corps féminins, jusqu’à ce que l’une d’elle emprunte une voie divergente, déstabilisant leur relation. Alors que Laura affirme définitivement son choix de ne jamais porter d’enfants, Alina se bat pour accomplir son désir d’être mère. Au septième mois de grossesse, les médecins lui annoncent une sévère malformation cérébrale du bébé et lui enjoignent de s’engager dans un cruel deuil par anticipation. La petite fille à qui elle donne naissance déjoue néanmoins les pronostics scientifiques et se montre bien déterminée malgré ses handicaps à goûter à la vie, tout en chamboulant celle de ses parents et de leur entourage.
La traversée des drames aux côtés de son amie s’accompagne pour Laura de la rencontre avec sa voisine Doris et Nicolás, son fils de huit ans. Meurtri·es par la violence d’un homme dont le souvenir pesant continue d’instiller peur et douleur au sein de leur quotidien, la mère et l’enfant cohabitent dans l’hostilité. Doris sombre sous le poids de l’impuissance, et Laura est amenée à prendre soin du petit garçon pendant qu’en miroir se joue sur son balcon le ballet familial d’un couple de pigeons couvant un œuf qui ne leur appartient pas, puis élevant l’oisillon d’une autre espèce comme s’il était le leur.
Sous l’égide de cette image troublante du parasitisme de couvée, L’oiseau rare célèbre les enfants inattendu·es autant que leurs mères biologiques ou alternatives, évidentes ou inventées. Les fils narratifs entrelacés avec maestria tissent un espace ouvert aux vies différentes, de celles qui se jouent des coups du sort et défient l’ordre établi, médical comme patriarcal. Dans une prose économe, tout en émotions retenues, Guadalupe Nettel fait entendre la force des communautés solidaires face aux solitudes. En observatrice affûtée, sans moraliser ni simplifier, la romancière laisse les femmes se raconter, s’épauler et surtout choisir.
Biographie
Née au Mexique en 1973, Guadalupe Nettel partage sa vie entre Mexico, Barcelone et Paris, où elle obtient en 2008 le titre de docteure en sciences du langage à l’École des hautes études en sciences sociales. À la tête d’une œuvre primée internationalement, elle explore par la fiction le rapport humain à l’étrangeté, à la maladie, à celles et ceux qui dérogent aux normes. Ses romans, parmi lesquels L’hôte (Actes Sud, 2006, traduit par Marianne Millon), Le corps où je suis née (Actes Sud, 2014, traduit par Delphine Valentin), Après l’hiver (Buchet-Chastel, 2016, traduit par François Martin) et L’oiseau rare (Dalva, 2022, traduit par Joséphine de Wispelaere), finaliste de l’International Booker Prize en 2023, sont traduits dans plus de vingt langues. Elle contribue à de nombreuses publications telles que Granta, La Repubblica, The White Review ou The New York Times, et dirige la revue culturelle Revista de la Universidad de México entre 2017 et 2024.
Et si les Beatles n’étaient pas nés ?
Proposé par Nicolas Grospierre
Our Strangers: Stories
Proposé par Gonçalo M. Tavares
L’oiseau rare
Dalva, 2022
Proposé par Andrea Marcolongo
Ève : 200 millions d’années d’évolution au féminin
Flammarion, 2025
Proposé par Sjón
Our Strangers: Stories
Proposé par Gonçalo M. Tavares
L’oiseau rare
Dalva, 2022
Proposé par Andrea Marcolongo
Le volume du temps 1
Grasset, 2024
Proposé par Sjón
Et si les Beatles n’étaient pas nés ?
Proposé par Nicolas Grospierre
La grande ourse
Proposé par Jonathan Coe
Le volume du temps 1
Grasset, 2024
Proposé par Sjón
Et si les Beatles n’étaient pas nés ?
Proposé par Nicolas Grospierre
Caisse 19
Gallimard, 2023
Proposé par Vera Michalski-Hoffmann
Ève : 200 millions d’années d’évolution au féminin
Flammarion, 2025
Proposé par Sjón
Our Strangers: Stories
Proposé par Gonçalo M. Tavares
James
Proposé par Nicolas Grospierre
Mes fragiles
Proposé par Scholastique Mukasonga
The Need to Know
Proposé par Vera Michalski-Hoffmann
Les envolés
Proposé par Scholastique Mukasonga
L’oiseau rare
Dalva, 2022
Proposé par Andrea Marcolongo
Le doute
Proposé par Andrea Marcolongo
J’emporterai le feu
Proposé par Gonçalo M. Tavares
Lichens : Pour une résistance minimale
Proposé par Jonathan Coe
Jury
Vera Michalski-Hoffmann, Présidente du jury
Éditrice née en 1954, Vera Michalski-Hoffmann a développé avec son époux Jan Michalski le groupe éditorial Libella, actif en Europe dans divers domaines, de la littérature aux arts. Depuis 1987, de nombreux·ses auteur·rices ont été publié·es en français, en polonais et en anglais dans différentes maisons d’édition parmi lesquelles Noir sur Blanc, Buchet-Chastel, Phébus ou Wydawnictwo Literackie. En 2004, Vera Michalski-Hoffmann crée la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature en mémoire de son mari afin de perpétuer leur engagement commun envers les acteur·ices de l’écrit, de soutenir la création littéraire et d’encourager la pratique de la lecture.
Jonathan Coe
Né en 1961 à Birmingham, Jonathan Coe est un romancier et biographe britannique. Après des études à la King Edward’s School puis au Trinity College, il obtient un doctorat en littérature anglaise et enseigne à l’Université de Warwick. Il acquiert une renommée internationale grâce à son quatrième roman, Testament à l’anglaise (Gallimard, 1995) pour lequel il remporte le Prix du Meilleur Livre étranger en 1996. La traduction française de son œuvre aux éditions Gallimard, plusieurs fois primée dans son pays d’origine, lui vaut le Prix Médicis étranger 1998 pour La maison du sommeil (1998) et le Prix du Livre européen 2019 pour Le cœur de l’Angleterre (2019). En 2004, il est décoré de l’Ordre des Arts et des Lettres de France. Son dernier roman, The Proof of my Innocence, paraît en 2024 aux éditions Viking.
Andrea Marcolongo
Écrivaine et journaliste italienne, Andrea Marcolongo est née en 1987 à Crema. Helléniste et diplômée de Lettres classiques de l’Università degli Studi de Milan, elle est à l’origine de plusieurs ouvrages à succès tels que La part du héros (Belles Lettres, 2019), Étymologies pour survivre au chaos (Belles Lettres, 2020) et Déplacer la lune de son orbite (Stock, 2023). Ses livres sont traduits dans près de trente pays. Elle est également membre du jury du Prix du Grand Continent et collabore avec des journaux italiens et étrangers, dont La Stampa et Le Figaro. Publié en 2024, son essai Courir (Gallimard) remporte la même année le Prix Jules Rimet.
Gonçalo M. Tavares
Né en 1970 à Luanda en Angola, Gonçalo M. Tavares est un écrivain portugais et professeur d’épistémologie à l’Université de Lisbonne. Il poursuit une foisonnante carrière littéraire depuis 2001, publiant nombre de romans, recueils de poésie, pièces de théâtre, contes, essais et autres ouvrages inclassables. Traduite en cinquante langues, son œuvre l’impose comme l’une des voix majeures des lettres lusophones. Il remporte de prestigieuses récompenses nationales et internationales, dont le Prix José Saramago pour Jérusalem (Viviane Hamy, 2008) en 2005 et le Prix du Meilleur Livre étranger pour Apprendre à prier à l’ère de la technique (Viviane Hamy, 2010) en 2010. Paraissent en français Journal de la Peste (Bouquins) et Mythologies (Viviane Hamy) en 2022, et L’os du milieu (Viviane Hamy) en 2024.
Sjón
Né à Reykjavic en 1962, Sjón (Sigurjón Birgir Sigurðsson) et un écrivain islandais, poète, artiste, scénariste et parolier, notamment de la chanteuse Björk. Récompensée par le Prix de la littérature nordique en 2005 et le Prix de littérature islandaise en 2013, son œuvre romanesque, traduite en trente-cinq langues, compte en français Le moindre des mondes (Rivages, 2007), De tes yeux, tu me vis (Rivages, 2011), Le garçon qui n’existait pas (Rivages, 2016), ou encore Blond comme les blés (Métailié, 2022). Sa collaboration à l’écriture des chansons du film Dancer in the Dark de Lars von Trier lui vaut une nomination à l’Oscar de la Meilleure Chanson originale en 2001. Il a récemment coécrit le scénario du film The Northman (2022) de Robert Eggers, inspiré des sagas islandaises. Il est également président du centre PEN islandais.
Scholastique Mukasonga
Autrice, nouvelliste et romancière, Scholastique Mukasonga est née en 1956 au Rwanda. Face aux persécutions subies par les Tutsis, elle est contrainte de s’exiler au Burundi avant de s’établir en France en 1993. L’écriture de son premier roman, Inyenzi ou les cafards (Gallimard, 2004), fait suite au drame du génocide des Tutsis de 1994 dans lequel sont tués trente-sept membres de sa famille. Aujourd’hui son œuvre est constituée de onze romans et recueils de nouvelles publiés aux éditions Gallimard et traduits dans plus d’une vingtaine de langues. Elle remporte de nombreux prix tant en France qu’à l’international : parmi ceux-ci, le Prix Renaudot pour Notre-Dame du Nil en 2012 et le Prix Simone de Beauvoir. Deux de ses ouvrages, La femme aux pieds nus (2008) et Kibogo est monté au ciel (2020) figurent sur la short list du National Book Award. En 2013, elle est faite Chevalier des Arts et des Lettres. Son dernier roman, Julienne paraît en 2024 et remporte le Prix de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.
Nicolas Grospierre
Artiste visuel et photographe franco-polonais né en 1975 à Genève, Nicolas Grospierre se consacre entièrement à sa pratique artistique après des études à l’Institut d’études politiques de Paris et à la London School of Economics. Aujourd’hui établi en Pologne, il accorde dans son travail une place centrale à l’architecture moderne, qu’il fait dialoguer avec la thématique de la mémoire collective ou encore celle de l’anthropocène. À travers des hybridations de médiums, il crée notamment des installations photographiques où il implémente des jeux de miroirs et de lumière. En 2008, il reçoit le Lion d’Or de la Biennale d’architecture de Venise. Ses œuvres sont exposées dans de nombreux musées à travers l’Europe et les Amériques.
En lien
Éditions précédentes
2024
Environnement toxique
2023
El Tercer País
2022
Les fossoyeuses
2021
Знак не сотрется. Судьбы остарбайтеров в письмах, воспоминаниях и устных рассказах
2020
Les sables de l’empereur
2019
Douleur
2018
Les livres de Jakob
2017
Une histoire mondiale du communisme
2016
Physique de la mélancolie
2015
Birth Certificate: The Story of Danilo Kiš
2014
La route du Donbass
2013
Le colonel
2012
The Opium War: Drugs, Dreams and the Making of China
2011
Le roi blanc
2010
Le projet Lazarus
Règlement
Conformément à l’article deux des statuts de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature (ci-après la Fondation Jan Michalski), le Conseil de Fondation a décidé de créer un prix littéraire, appelé Prix Jan Michalski de littérature (ci-après le Prix Jan Michalski). Le Prix Jan Michalski a été officiellement créé le 27 octobre 2009.
Article 1 — Le Prix Jan Michalski
Le Prix Jan Michalski sera décerné pour couronner une œuvre de la littérature mondiale dans les catégories fiction, non-fiction et livres illustrés.
Article 1.1 — Critères d’attribution du Prix Jan Michalski
Le Prix Jan Michalski est attribué à un livre par an, quelle que soit sa langue d’écriture.
Article 1.2 — Fréquence d’attribution
Le Prix Jan Michalski est attribué chaque année.
Article 1.3 — Dotations du Prix Jan Michalski
Le lauréat ou la lauréate recevra une somme de CHF 50’000.- (cinquante mille francs suisses), un diplôme et une œuvre d’art spécialement choisie pour le Prix Jan Michalski. Dans le cadre d’une œuvre collective, le Prix Jan Michalski pourra être attribué à plusieurs personnes et la somme de CHF 50’000.- répartie entre elles.
Article 1.4 — Date de l’attribution du Prix
Le Prix Jan Michalski est normalement décerné chaque année au mois de novembre lors d’une cérémonie à Montricher.
Article 2 — Le Jury
Article 2.1 — Membres du Jury
Le Prix Jan Michalski est décerné par la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature. Le lauréat ou la lauréate sera désigné·e par un Jury international composé d’écrivains et d’écrivaines. Un siège est attribué à un ou une artiste s’intéressant à la littérature. Vera Michalski, Présidente du Conseil de Fondation, est Présidente à vie de ce Jury.
Article 2.2 — Sélection des membres du Jury
La Présidente du Jury nomme les membres du Jury en toute indépendance. Ceux-ci exercent leur mandat à titre honorifique pour une durée de trois ans. Le Conseil de Fondation se réserve néanmoins le droit de réduire la durée du mandat des membres individuels. Après expiration de leur mandat, le Conseil de Fondation peut soit reconduire les membres du Jury dans leur fonction, soit nommer de nouveaux membres.
Le Jury est composé de personnalités de nationalités diverses et d’horizons culturels variés, multilingues et reconnues dans les différentes formes d’expression littéraire ou artistique.
Les membres du Jury siègent en leur nom propre et ne représentent ni un groupe d’intérêt, ni une entité commerciale.
La Présidente de la Fondation Jan Michalski s’adresse par écrit à chaque personne nommée et lui confirme sa qualité de membre du Jury. Les membres nommés prennent en même temps connaissance du présent Règlement.
Article 3 — La nomination des candidats
Article 3.1 — Conditions de participation
Seuls les membres du Jury sont habilités à présenter des ouvrages pour un total maximum de deux. Les membres du Jury peuvent présenter uniquement des ouvrages publiés et imprimés par une maison d’édition. Les manuscrits et les auto-publications ne sont pas acceptés. Les ouvrages proposés doivent avoir été publiés dans le courant des cinq années précédant la remise du Prix Jan Michalski. Les rééditions ne sont acceptées que si l’ouvrage a subi des remaniements importants par son auteur ou son autrice.
Article 3.2 — Date de clôture
Les membres du Jury doivent remettre leur choix de deux ouvrages en lice pour le Prix d’ici la mi-mars de chaque année. La liste des ouvrages présentés pour le Prix Jan Michalski est publiée sur le site internet de la Fondation.
Article 4 — Délibérations du Jury
Le Jury délibère en toute indépendance et ne reçoit des instructions de personne. Les délibérations sont tenues secrètes, aucun compte-rendu de séance ne sera publié. Les décisions se prennent à la majorité simple, mais au moins trois quarts des membres du Jury doivent participer au vote pour que les délibérations soient valables. Le Jury se réunit pour une première séance de présélection. A l’issue de cette séance, il se prononcera sur un nombre restreint d’ouvrages nominés pour la sélection finale. Si nécessaire, des extraits des ouvrages nominés seront traduits dans une langue accessible à l’ensemble des membres du Jury. La désignation du lauréat ou de la lauréate sera annoncée lors de la dernière séance de délibération du Jury. La décision du Jury sera sans appel.
Article 5 — Dispositions finales
Article 5.1 — Amendements au Règlement
Le Règlement peut être révisé à tout moment par le Conseil de Fondation, à l’exception de la disposition concernant le mandat à vie de la Présidente du Jury.
Article 5.2 — Proclamation du Prix
Le résultat des délibérations sera diffusé par les médias. Seul·es les auteur·es dont les ouvrages ont été présélectionnés seront avisé·es.