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Le Prix Jan Michalski 2019 est décerné à Zeruya Shalev pour son roman Douleur.

Portrait Douleur
Portrait Fondation Jan Michalski © Wiktoria Bosc

Le Prix Jan Michalski 2019 est décerné à Zeruya Shalev pour son roman Douleur (Gallimard, 2017), traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz.

Le jury a salué « un roman vertigineux dans lequel l’auteure explore les territoires physiologique et émotionnel de la souffrance, où le passé et le présent des personnages sont inextricablement liés. Zeruya Shalev est une écrivaine singulière, dont l’écriture à la fois déliée et tendue, acérée et poétique, nous a donné un récit délicat dans sa violence, une histoire d’amours entêtées mêlant plusieurs générations. Cette histoire de déchirures intimes qui épouse, par strates successives, l’évolution de la société israélienne est aussi le roman cicatriciel d’un pays. »

Lauréat·e

Douleur de Zeruya Shalev, aujourd’hui Prix Jan Michalski 2019, offre l’expérience romanesque – vertigineuse et envoûtante – d’une immersion dans le monde intérieur d’Iris, brillante et dévouée directrice d’une école de Jérusalem, quadragénaire, mariée à Micky, époux replié sur ses parties d’échec en ligne, et mère de deux grands enfants en passe de prendre leur envol. Son existence se trouve à un point de vacillement quand, dix ans après avoir été victime d’un attentat en croisant la route d’un bus piégé, Iris voit ses douleurs physiques, séquelles d’un traumatisme profond, se réveiller. Sous les traits du médecin qu’elle consulte au centre antidouleur de l’hôpital, elle retrouve Ethan, son premier grand amour qui l’avait brutalement quittée à dix-sept ans. Une autre douleur se réveille alors, plus ancienne, celle de l’abandon et du chagrin, à laquelle Iris et Ethan opposent la renaissance du désir et la tentation d’abolir le temps en reprenant leur passion inachevée. Depuis ce point nodal, Zeruya Shalev sonde toutes les nuances des états d’âme et de conscience d’un être humain à la croisée des choix. Sont visitées différentes strates temporelles de la vie d’Iris, sa propre enfance alors que sa mère est en train de perdre la mémoire et celle de ses enfants alors que sa fille de vingt et un ans dérive sous l’emprise d’un gourou manipulateur et que son fils sera appelé sous peu par l’armée. Comme dans une saisissante tempête sous un crâne, la pulsion vitale se heurte aux engagements familiaux et sociaux, les liens de filiation tanguent, accrochent les fantômes du passé et enchevêtrent les destinées les unes aux autres.

Ce portrait sensible de femme en quête d’équilibre et de sens embrasse en écho tout un paysage social où la violence se regarde depuis l’intérieur. Si Zeruya Shalev a longtemps volontairement tenu le contexte israélo-palestinien à l’écart de ses écrits, Douleur est l’occasion d’explorer, avec une extrême finesse, les impacts multiples d’un événement aux origines politiques sur une existence. Pour mieux revenir à ce que l’âme humaine a d’universel.

Lauréate du Prix Jan Michalski 2019, Zeruya Shalev recevra une récompense de CHF 50’000.- ainsi qu’une œuvre d’art choisie à son intention : Bird and Egg, sculpture de Kiki Smith, 2004

Biographie

Née en 1959 dans le kibboutz Kinneret, en Galilée, l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev a vécu à Tel-Aviv, puis à Jérusalem où elle a suivi des études bibliques. Elle est actuellement établie à Haïfa. Son œuvre compte de la poésie et de la fiction, ainsi que deux ouvrages jeunesse, dont Un petit garçon idéal (Ecole des loisirs, 2009, pour la traduction en français). En 1997, son roman Vie amoureuse (Gallimard, 2000, pour la traduction en français), autopsie d’une liaison dévastatrice et subversive entre une jeune femme et un ami de son père, provoque la polémique en Israël tout en rencontrant un large succès public et critique à un niveau international. Son ouvrage suivant, Mari et femme (Gallimard, 2001), est aussi un best-seller. Grièvement blessée suite à l’explosion d’un bus lors d’un attentat suicide en janvier 2004, Zeruya Shalev reste immobilisée plusieurs mois avant de reprendre l’écriture. Paraissent Thèra (Gallimard, 2007), Ce qui reste de nos vies (Gallimard, 2014), couronné du Prix Femina étranger, puis Douleur (Gallimard, 2017).

Traduite en plus de vingt langues et récompensée de prix prestigieux, dont le Prix Corine 2001, le Prix Wizo du livre 2007 et le Prix de littérature mondiale du magazine Die Welt 2012, l’œuvre de Zeruya Shalev arpente avec prédilection les terrains en clair-obscur de l’intimité des êtres, les inflexions de la vie amoureuse et familiale, les heurts générationnels.

Zeruya Shalev est par ailleurs engagée dans le mouvement citoyen apolitique et areligieux Women Wage Peace (Les femmes font la paix).

Sélections

Finalistes, Deuxième sélection, Première sélection.
Douleur
Zeruya Shalev
Douleur
Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz
Gallimard, Paris, 2017

Proposé par Julien Berjeaut


Tous, sauf moi
Francesca Melandri
Tous, sauf moi
Traduit de l’italien par Danièle Valin
Gallimard, Paris, 2019

Proposé par Andreï Kourkov


La fin du monde n’aurait pas eu lieu
Patrik Ourednik
La fin du monde n’aurait pas eu lieu
Editions Allia, Paris, 2017

Proposé par Tomasz Różycki


La bibliotecaria de Auschwitz
Antonio Iturbe
La bibliotecaria de Auschwitz
Planeta, Madrid, 2012

Proposé par Alicia Giménez Bartlett


La fin du monde n’aurait pas eu lieu
Patrik Ourednik
La fin du monde n’aurait pas eu lieu
Editions Allia, Paris, 2017

Proposé par Tomasz Różycki


Tous, sauf moi
Francesca Melandri
Tous, sauf moi
Traduit de l’italien par Danièle Valin
Gallimard, Paris, 2019

Proposé par Andreï Kourkov


Douleur
Zeruya Shalev
Douleur
Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz
Gallimard, Paris, 2017

Proposé par Julien Berjeaut


Le ciel ne parle pas
Morgan Sportès
Le ciel ne parle pas
Fayard, Paris, 2017

Proposé par Benoît Duteurtre


La bibliotecaria de Auschwitz
Antonio Iturbe
La bibliotecaria de Auschwitz
Planeta, Madrid, 2012

Proposé par Alicia Giménez Bartlett


La femme et les champignons – Une histoire de deuil et de retour à la vie
Long Litt Woon
La femme et les champignons – Une histoire de deuil et de retour à la vie
Traduit par Alex Fouillet
Gaia Editions, Montfort-en-Chalosse, 2018

Proposé par Vera Michalski-Hoffmann


La fin du monde n’aurait pas eu lieu
Patrik Ourednik
La fin du monde n’aurait pas eu lieu
Editions Allia, Paris, 2017

Proposé par Tomasz Różycki


Tous, sauf moi
Francesca Melandri
Tous, sauf moi
Traduit de l’italien par Danièle Valin
Gallimard, Paris, 2019

Proposé par Andreï Kourkov


Douleur
Zeruya Shalev
Douleur
Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz
Gallimard, Paris, 2017

Proposé par Julien Berjeaut


Jury

Vera Michalski-Hoffmann, Présidente du jury

Éditrice née en 1954, Vera Michalski-Hoffmann s’est investie pour promouvoir la littérature en créant le groupe éditorial Libella avec son époux Jan Michalski. Depuis 1987, de nombreux auteurs ont été publiés en français, en polonais et en anglais dans différentes maisons d’édition parmi lesquelles Noir sur Blanc, Buchet-Chastel, Phébus, Wydawnictwo Literackie ou World Editions. En 2004, Vera Michalski-Hoffmann crée la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature en mémoire de son mari afin de perpétuer leur engagement commun envers les acteurs de l’écrit, de soutenir la création littéraire et d’encourager la pratique de la lecture.

Alicia Giménez Bartlett

Alicia Giménez Bartlett est née à Almansa, en Espagne, en 1951. Après un doctorat en philologie à l’Université de Barcelone, elle s’engage dans l’écriture en 1984 avec un premier roman, Exit. Depuis, son oeuvre compte des fictions et des essais, parmi lesquels Una habitación ajena, relatant les relations tendues entre Virginia Woolf et sa servante (Prix Femenino Lumen, 1997), Donde nadie te encuentre (Prix Nadal, 2011) et Hombres desnudos (Prix Planeta, 2015). C’est avec le personnage de l’inspectrice Petra Delicado qu’elle est devenue l’une des auteurs policiers espagnols les plus lus. Traduite en seize langues et adaptée à la télévision, la série a reçu le prestigieux Prix Raymond Chandler en 2008.

Jul (Julien Berjeaut)

Né en 1974, Julien Berjeaut, dit Jul, est un dessinateur de presse et auteur de bande dessinée français. Agrégé d’histoire, il enseigne l’histoire chinoise avant de se consacrer au dessin. Il collabore à de nombreux journaux, tels Le Point, Lire, L’Humanité, Philosophie Magazine, L’Echo des savanes, Fluide glacial, Charlie Hebdo, Le Nouvel Observateur, Marianne, Libération, Le Monde… En 2005, il se lance dans la bande dessinée avec l’album à succès Il faut tuer José Bové, où il raille les altermondialistes. En 2012, la série BD Silex and the City est adaptée en série d’animation sur Arte. Il participe comme dessinateur à des émissions télévisées (Le Grand Journal sur Canal+, La Grande Librairie sur France 5, 28 minutes sur Arte). En 2016, il devient le nouveau scénariste de Lucky Luke. En 2018, Arte diffuse 50 nuances de Grecs, inspirée de son album du même nom.

Benoît Duteurtre

Né en Normandie, en France, en 1960, Benoit Duteurtre est à la fois romancier, essayiste et critique musical. Licencié en musicologie, il publie en 1985 son premier roman, Sommeil perdu. Drôle de temps obtient le Prix de l’Académie française en 1997, et Le voyage en France le Prix Médicis 2001. Publié en 2005, La petite fille et la cigarette est traduit dans une vingtaine de langues et adapté au théâtre. En 2006, il participe à la création de la revue littéraire L’Atelier du roman aux côtés de Milan Kundera et Michel Houellebecq. Après Livre pour adultes (2016), paraît En marche ! Conte philosophique en 2018. Auteur d’émissions musicales sur France 3, France 5 et France Musique, il collabore à l’hebdomadaire Marianne, au Figaro littéraire et au Monde de la musique.

Andreï Kourkov

Andreï Kourkov est un écrivain ukrainien de langue russe né en 1961, à Saint-Pétersbourg, en ex-URSS. Diplômé de l’Institut des langues étrangères de Kiev, il effectue son service militaire comme gardien de prison à Odessa. Journaliste, scénariste pour la télévision et le cinéma, ce polyglotte a remporté un succès international avec Le pingouin (2000). Ont suivi notamment Le caméléon (2001), L’ami du défunt (2002), Le dernier amour du président (2005), Laitier de nuit (2010), Le concert posthume de Jimi Hendrix (2015), Vilnius, Paris, Londres (2018). Son oeuvre est traduite en quarante langues. Il est également président du PEN club d’Ukraine.

Tomasz Różycki

Né en 1970 en Pologne, Tomasz Różycki est poète, essayiste et traducteur. Après des études en philologie romane à l’Université de Jagellone (Cracovie), il enseigne au collège de formation des maîtres de langues étrangères d’Opole. Son oeuvre, publiée en France, Allemagne, Italie, Slovaquie et aux Etats-Unis, est emblématique d’une génération prise dans les fluctuations géopolitiques. Son long poème Dwanaście stacji (Les douze stations) reçoit le Prix de la Fondation Kościelski en 2004 et a été nommé pour le Prix Nike 2005. Sont parus en français Les colonies (2006) et Bestiarium (2018). Traducteur de Mallarmé, Rimbaud et Segalen, il écrit aussi dans de nombreuses revues, en Pologne (Czas Kultury, Odra) et à l’étranger (Pen America).

Nota Bene : les dates de publication indiquées entre parenthèses sont celles de la parution ou de la traduction en français.