Journées entre nature et littérature
L'écriture des lieux
Événement
terminé
Tous les rendez-vous du programme de L’écriture des lieux sont gratuits. Vous devez toutefois effectuer une réservation pour chaque événement qui vous intéresse via notre billetterie en ligne.
Le temps d’un week-end, la Fondation Jan Michalski vous invite pour la quatrième année à explorer l’écriture des lieux sous diverses facettes, en s’intéressant plus spécifiquement au loup après avoir abordé l’animalité lors de la précédente édition.
Vendredi 23 septembre | 19h-20h30
Conférence - L’Umwelt des loups avec Jean-Marc Landry
Entre haine et vénération, destruction et protection, le retour à la coexistence imposée par le Canis lupus interroge à la fois nos peurs et nos relations avec la nature environnante. Mais avons-nous déjà fait l’exercice de comprendre comment les loups perçoivent le monde qui les entoure, ces humains bariolés dévalant les pentes ou ces animaux domestiqués qui ont perdu leur système de défense ? Ce qui est « hors de soi » est-il perçu de la même manière par des prédateurs ou des proies ? Pour y répondre, tentons de passer par un concept proposé par Jakob von Uexküll au début du xxe siècle, l’Umwelt : tenir compte de l’image que se fait chaque espèce de son monde au travers des spécificités de ses capteurs sensoriels. Un loup, un humain ou une abeille ne percevront ainsi pas un champ de fleurs de la même façon. Pourtant, ces trois visions font partie de la réalité du monde, l’une n’étant pas plus valable que l’autre. Certains stimuli déclencheront donc des réponses comportementales différentes selon les espèces. Aussi nous explorerons l’Umwelt des loups pour essayer de comprendre certains comportements incompréhensibles du point de vue de l’Homo sapiens.
Samedi 24 septembre | 11h-12h
Conférence - Le versant animal avec Jean-Christophe Bailly
Alors même que la sensibilisation à la disparition des espèces est manifeste, la « biodiversité » en tant que slogan est devenue une sorte d’arbre cachant la forêt, et l’existence des bêtes reste un monde lointain. S’en approcher et l’intégrer à notre pensée, considérer que le monde animal, au lieu de constituer une question, est d’abord un faisceau foisonnant de réponses, et qu’à leur contact le monde s’élargit, telles sont les pistes que suivra l’auteur du Versant animal, livre tout entier fondé sur la rencontre et l’écoute.
Samedi 24 et dimanche 25 septembre | 13h-14h30
Promenade à choix n°1 - De tous nos yeux avec Aline Fuchs & Mathilde Aubineau
Partons pour une déambulation dans la forêt, ponctuée par les mots de Jean-Christophe Bailly qui explorent les territoires et les croisements souvent invisibles des êtres : « Vivre, en effet, c’est pour chaque animal traverser le visible en s’y cachant. » Au gré d’infimes installations, posées là comme les traces imperceptibles du passage des animaux, l’œil est invité à s’ouvrir sur ce qui se dissimule au cœur même du visible.
Samedi 24 et dimanche 25 septembre | 13h-14h30
Promenade à choix n°2 - L’écoute des lieux avec Dariouch Ghavami
Et si nous nous plongions dans la part sauvage du monde ? S’enforester, le temps d’une enquête sonore itinérante et immersive sur la piste animale de la meute du Marchairuz. Arpenter le paysage sonore d’un affût, d’un pistage mais aussi des récits des tentatives de cohabitation entre bergers, bergères, bovins et loups. Suivre l’écho et les traces des diverses rencontres entre les vivants du Jura vaudois.
Samedi 24 et dimanche 25 septembre | 13h-14h30
Promenade à choix n°3 - Dans l’intimité de nos forêts avec Julien Regamey
Suivons un photographe animalier et naturaliste, à la rencontre du monde sauvage des forêts de Montricher : sillonnons les sentes animales à la lecture du territoire ; déchiffrons la cartographie des empreintes, bruits, odeurs et autres indices qui révèlent les présences ; relevons un piège-caméra qui saisit les passages furtifs, et peut-être alors aurons-nous la chance de les apercevoir.
Samedi 24 septembre | 15h30-16h30
Contes « Il était une fois, une nouvelle fois… » avec Violaine Schwartz & Pierre Baux (jeune public)
Il était une fois, encore une fois, une nouvelle fois, Les contes de Grimm, retraduits et revisités par Violaine Schwartz ici justement, à la Fondation Jan Michalski, dans une cabane suspendue à l’orée d’une forêt profonde, près du Mont Tendre, alors couvert de neige. Et aujourd’hui, alors que l’été s’achève, à l’orée de toujours la même forêt profonde, la même peut-être que celle où l’on se perd malgré les miettes de pain jetées sur le chemin, la même que celle où le loup montre patte blanche, où l’oiseau flamboyant claironne la vérité, Pierre Baux et Violaine Schwartz diront à deux voix ces histoires de toujours, aussi brèves que fortes, aussi vivantes qu’éternelles, aussi simples que profondes, aussi minimalistes que musicales, aussi cruelles que magiques, et donc « Il était une fois… »
Samedi 24 septembre | 17h-18h30
Table ronde - Perspectives animales avec Anne Simon, Judith Zagury, Jean-Christophe Bailly et Jean-Marc Landry
Modérateur : Dariouch Ghavami
Que peut-il jaillir d’une ronde d’échanges entre la chercheuse en zoopoétique Anne Simon, la metteuse en scène et fondatrice de ShanjuLab Judith Zagury, l’écrivain et philosophe Jean-Christophe Bailly et l’éthologue et biologiste Jean-Marc Landry ? Entre elles et eux, il y a l’animal. Chacune et chacun tâche de le saisir, de s’y frotter, de proposer une certaine manière de le fréquenter : regards croisés sur des modes de rencontres.
Dimanche 25 septembre | 11h-12h
Conférence - Figures et défigurations du loup en littérature avec Anne Simon
Loup dévorateur des sept chevreaux, des trois petits cochons et des petites filles des contes de notre enfance ; homme-loup sexuellement désiré ou férocement combattu ; monstre archaïque ou passeur de l’au-delà ; loups-garous, loups grand-mères, chiens-loups, loups et louves sauvages : entre désir d’identification ou de divinisation, entre masculinité à dompter et féminité civilisatrice, entre effroi de la dévoration et fascination de la métamorphose, la nocturne figure du loup oscille… Gare au loup ! Transfuge d’espèce, insaisissable mais toujours là où on ne l’attend pas, écartelé entre le schème de la meute et l’héroïsation du grand solitaire, le loup est une figure majeure de l’entre-deux. On comprend que l’humain ait construit sa quête de soi dans la quête du loup. Le pire serait que le loup réel disparaisse de notre monde, et que ses figures et ses défigurations n’y jouent plus que comme de vaines images, bientôt inopérantes.
Dimanche 25 septembre | 15h30-16h30
Rencontre - Autour de Carnets d’estives, des Alpes au Chiapas avec Pierre Madelin
Modérateur : Roméo Bondon
Des estives de la vallée de l’Ubaye aux reliefs du Chiapas mexicain, de la cabane d’Arne Naess à Tvergastein, jusqu’au Wisconsin d’Aldo Léopold, les lieux que Pierre Madelin a parcouru ont été autant faits de textes que de leur fréquentation intime. En partant de quelques étés passés en alpage, piochant dans de nombreuses traductions et examinant l’après-capitalisme et le primitivisme, nous cheminerons en compagnie de l’auteur dans la diversité des positions et des sensibilités qui s’expriment dans le champ des pensées écologistes. Avec lui nous nous demanderons quel points de convergence peut-on entrevoir entre un rapport sensible à la nature et une critique politique de la dévastation du vivant en cours.
Dimanche 25 septembre | 17h30-18h30
Conférence - Vers une géopolitique des Umwelten ? Le contre-exemple de la gestion du loup avec Brian Favre
Partout est scandé un même thème : il faut entamer une recomposition écologique de nos relations aux autres vivants. En la matière, le droit de l’environnement semble pavé de bonnes intentions. On oublie néanmoins qu’il vise historiquement à protéger essentiellement le milieu humain. Il est donc important de ne pas éluder la question fondamentale : d’humaine facture, le droit est-il voué à protéger l’environnement du seul point de vue des êtres humains ? Autrement dit, le droit est-il en mesure de tenir compte de la perspective des autres vivants sur les environnements qu’ils habitent ? L’exemple de la gestion du loup permet de montrer qu’une analyse géopolitique des rapports entre mondes humains et lupins serait non seulement possible mais juridiquement nécessaire.
Transports en commun
L’arrêt de bus « Montricher-Fondation Michalski » de la ligne 742 des MBC dessert directement la Fondation plusieurs fois par jour. Des connexions avec le train sont assurées en gares de Montricher et/ou de Bière. Vous pouvez combiner votre parcours en train et bus sur la plateforme des CFF en indiquant l’arrêt « Montricher-Fondation Michalski ».
Café et restauration
Une restauration salée et sucrée signée Yves Hohl est proposée à la vente pendant tout le week-end.
Bibliothèque
La bibliothèque de la Fondation Jan Michalski, panorama multilingue de la littérature des xxe et xxie siècles, est ouverte à toutes et tous de 9h à 18h, du mardi au dimanche.
Tous les espaces publics de la Fondation sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Intervenant·es invité·es
Vendredi 23 septembre, 19h00
Jean-Marc Landry est biologiste et éthologue diplômé de l’Université de Neuchâtel, également formé à l’institut de recherche Wolf Park aux États-Unis. À l’origine de l’introduction des premiers chiens de protection des troupeaux en Suisse et en Allemagne, il mène ensuite différents projets de recherche dont l’un sur les interactions nocturnes entre les loups et le bétail. Prônant la voie du milieu, son travail entend sortir des extrêmes pour cheminer vers une cohabitation apaisée. L’écriture rejoint l’expérience du terrain dans ses articles, documentaires et livres tels Le loup (Delachaux et Niestlé, 2017).
Samedi 24 septembre, 11h00
Jean-Christophe Bailly, philosophe et écrivain, a enseigné de 1997 à 2015 à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage, à Blois, en France. Auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels la forme de l’essai est prédominante, il s’efforce toujours de rester au contact d’un matériau poétique immédiat et consacre ainsi plusieurs livres au monde animal qui le passionne depuis l’enfance : L’oiseau Nyiro (La Dogana, 1991), Le versant animal (Bayard, 2007), Le parti pris des animaux (Bourgois, 2013), Le puits des oiseaux (avec Eric Poitevin, Seuil, 2016).
Samedi 24 septembre, 13h00
Aline Fuchs, cavalière, jongleuse et comédienne de ShanjuLab, a intégré l’équipe du Théâtre Vidy-Lausanne après des études en droit, littérature et histoire de l’art, puis a travaillé comme assistante de production à la Comédie de Genève. Elle participe également au travail d’écriture et de dramaturgie de la Cie ShanjuLab.
Samedi 24 septembre, 13h00
Mathilde Aubineau, diplômée de la Manufacture à Lausanne, est metteuse en scène, scénographe et touche-à-tout. Elle place la question de notre rapport intime au sauvage et à l’animal au centre de sa recherche. Elle a collaboré avec la Cie ShanjuLab en 2021, à l’occasion du spectacle Perspectives – Un ensemble animal.
Samedi 24 septembre, 13h00
Dariouch Ghavami, profil transdisciplinaire, dialogue entre mondes artistiques, vivants et scientifiques. Participant à ShanjuLab depuis sa création, il mêle acrobatie et danse pour nouer des interactions animales par le corps. Il collabore conjointement avec le Centre de compétences en durabilité de l’UNIL et le Théâtre Vidy-Lausanne pour la coordination de projets qui interrogent les modes et imaginaires possibles de la transition écologique.
Samedi 24 septembre, 13h00
Julien Regamey est à la fois photographe animalier, reporter, herpétologue, instructeur N.A.C et organisateur de safaris. Formé au Parc national Kruger et au centre de conservation Siyafunda en Afrique du Sud, il apprend en autodidacte diverses techniques d’approche et de prises de vue, de survie, de pistage ou encore de décryptage du comportement animal.
Samedi 24 septembre, 15h30
Violaine Schwartz, formée à l’école du Théâtre national de Strasbourg, est à la fois comédienne, chanteuse et écrivaine. Elle est l’auteure de pièces radiophoniques, de romans publiés aux éditions P.O.L – dont Le vent dans la bouche (2013) et Une forêt dans la tête (2021) – ainsi que d’un recueil de témoignages de réfugié·es intitulé Papiers (P.O.L, 2019). Elle joue actuellement avec l’acrobate Victoria Belén dans un spectacle qu’elle a écrit pour le festival in d’Avignon 2021, De l’une à l’hôte.
Samedi 24 septembre, 15h30
Pierre Baux est comédien, travaillant au théâtre notamment sous la direction de Jeanne Champagne, Eric Vigner, Slimane Benaïssa, Arthur Nauzyciel, Jean-Pierre Baro, et au cinéma devant les caméras de Philippe Garrel, Cédric Kahn, Philippe Faucon. Metteur en scène, il développe ses projets au sein de la compagnie IRAKLI fondée en 2000 avec Violaine Schwartz et Célie Pauthe, dont Comment une figue de paroles et pourquoi de Francis Ponge ou Passage des heures de Fernando Pessoa.
Dimanche 25 septembre, 11h00
Anne Simon, directrice de recherche au CNRS, rattachée à l’EHESS, est spécialiste de Proust auquel elle a consacré quatre ouvrages. Parallèlement, elle travaille sur le vivant et l’animalité en littérature, initiant et développant en France la zoopoétique. Son dernier essai, Une bête entre les lignes (Wildproject, 2021), regarde comment les animaux, des plus nobles aux plus infimes, se glissent dans les pages des livres et écoute ce qu’ils ont à nous raconter.
Dimanche 25 septembre, 15h30
Pierre Madelin, essayiste et traducteur spécialisé dans les humanités écologiques, a longtemps vécu en Amérique latine, à Cuba puis au Mexique. Après plusieurs séjours en alpage et voyages au long cours, il se consacre désormais à l’écriture et a notamment publié Faut-il en finir avec la civilisation ? : primitivisme et effondrement (Ecosociété, 2020) ainsi que Carnet d’estives, des Alpes au Chiapas (Wildproject, 2016, nouvelle édition en 2021).
Dimanche 25 septembre, 15h30
Roméo Bondon est géographe de formation, spécialisé dans les relations humain-faune sauvage et la pratique de la chasse en Europe. Il collabore à la revue Ballast ainsi qu’avec les éditions Libertalia, et est l’auteur de trois essais : Le bestiaire libertaire d’Élisée Reclus (ACL, 2020), Cause animale, luttes sociales (avec Elias Boisjean, Le Passager clandestin, 2021) et Sangliers : géographies d’un animal politique (avec Raphaël Mathevet, Actes Sud, à paraître).
Dimanche 25 septembre, 17h30
Brian Favre, doctorant en philosophie du droit à l’Université de Lausanne et à l’École normale supérieure de Paris, concentre ses recherches sur la capacité du monde juridique à interpréter et comprendre le non-humain, plus particulièrement les animaux. Auteur de publications au croisement de la théorie du droit et de la philosophie du vivant, il a codirigé l’ouvrage Désobéir pour la Terre : défense de l’état de nécessité (PUF, 2021) avec Dominique Bourg et Clémence Demay. Il a intégré le ShanjuLab en tant que comédien.
Samedi 24 septembre, 17h00
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