Exposition Roman graphique
Introduction
L’auteur et dessinateur américain Will Eisner (1917-2005) est généralement tenu pour le père de l’appellation graphic novel : en posant le terme en couverture de son livre A Contract with God, paru en 1978, avec pour dessein de le voir placé au rayon littérature des librairies généralistes, il introduit une catégorie qui marque la différence face aux comics et fera rapidement florès.
Will Eisner, A Contract with God and Other Tenement Stories, Edition originale, Baronet, 1978
Jens Harder, Alpha, Planche originale, The end of the Mesozoic era, feutre noir et encre de chine sur papier, 2009
Traduction littérale de l’expression américaine, le concept de « roman graphique » a été appliqué depuis les années 1980 en terres francophones à des ouvrages et des collections de bandes dessinées s’écartant des standards de production, où l’archétype serait l’album cartonné, en couleurs, de 48 ou 62 pages, suivant principalement une logique de série avec des héros récurrents. Si les contours de sa définition demeurent flous, c’est dans une non-conformité à une norme que le roman graphique s’est installé dans le paysage éditorial : formats et mises en page atypiques, pagination étoffée, ambition littéraire, narrations autonomes et amples en sont les traits communs les plus fréquents.
Les auteurs disposent dès lors d’une liberté de création, accueillie et développée par l’apparition de nombreuses collections, tant chez des éditeurs alternatifs que chez des éditeurs de bandes dessinées traditionnelles et dans des maisons avant tout littéraires.
Depuis La ballade de la mer salée de Hugo Pratt, Maus d’Art Spiegelman, Jimmy Corrigan de Chris Ware, Palestine de Joe Sacco ou Persepolis de Marjane Satrapi, le neuvième art a en quelques décennies conquis de nouveaux publics et acquis une légitimité culturelle. Les thèmes se diversifient jusqu’à s’ouvrir à la non-fiction : ainsi, sous l’appellation « roman graphique », se côtoient récits biographiques ou autobiographiques, fictions intimes ou intimistes, adaptations littéraires, reportages, essais, géographies imaginaires, sans-paroles et autres champs expérimentaux…
Présentant des planches originales, des premières éditions et près de deux cents titres en lecture libre, l’exposition Roman graphique explore les origines, l’histoire et le déploiement de cette forme à part entière de littérature en images, des années 1960 à la création contemporaine.
Aude Samama, Martin Eden, Planche originale n°111, acrylique sur canson, 2016
Marjane Satrapi, Persepolis Edition intégrale, L’Association, 2017
Commissaire invité
Thierry Groensteen, en collaboration avec la Fondation Jan Michalski
Programme
Visites commentées de l’exposition
Samedi 3 novembre à 14h30, par Thierry Groensteen, commissaire d’exposition
Dimanche18 novembre à 14h30, par Thierry Groensteen, commissaire d’exposition
Samedi 8 décembre à 14h30, par la Fondation Jan Michalski
Moments famille
Une découverte ludique du roman graphique, suivie d’un atelier de création d’une bande dessinée pas comme les autres, à partager en famille
Mercredi 28 novembre de 14h à 16h
Mercredi 5 décembre de 14h à 16h
Table ronde et projection cinébédé
En lien
Et la BD sortit de sa bulle
Article de Thierry Raboud, La Liberté
Exposition « Roman graphique »
Livret d'exposition