Karin Boye
La kallocaïne
En 1940, quelques années avant Orwell, la poétesse suédoise Karin Boye (1900-1941) faisait paraître un remarquable roman d’anticipation, La kallocaïne (Éd. Ombres, 2015), sorte d’ovni dans son œuvre dicté par la conjoncture apocalyptique de l’époque. Avec beaucoup de finesse, Karin Boye y analyse les conséquences du totalitarisme sur l’âme humaine, en particulier la manière dont un état policier transforme par la peur chaque citoyen en agent de sûreté.Le personnage principal du roman, dont nous lisons comme dans 1984 le journal intime, est un scientifique rempli de zèle citoyen ayant mis au point un sérum de vérité nommée « kallocaïne », véritable panacée pour la police de « l’État Mondial » puisqu’elle force à confesser ses pensées et sentiments les plus intimes. On pourra donc juger un crime sans qu’il ait été commis, simplement pour l’avoir souhaité, imaginé. Au fil des expériences, les langues se délient et certains aveux, qui condamnent leurs auteur·rices, réveillent chez le savant qui les reçoit un vieux fond de révolte…
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