Exposition Miquel Barceló
Autofictions

Le livre comme objet esthétique et la lecture comme thème traversent l’art dès le Moyen Âge. Attribut d’un personnage permettant de l’identifier comme un saint, un savant ou un lecteur, il devient une image de l’activité de l’esprit et de la connaissance, la possibilité d’une ouverture sur le monde et d’en faire l’expérience.

Miquel Barceló (*1957, Felanitx) explore la plasticité du livre dès ses débuts ; il est, avec la faune et la flore, au cœur de son œuvre. Mais davantage que chercher à se référer à une source littéraire en particulier, il s’agit pour l’artiste de représenter ce qui le nourrit, le constitue et le lie à la vie.

Si la forme rectangulaire et épaisse du livre apparaît déjà en 1975 avec les Cadaverinas, boîtes dans lesquelles Miquel Barceló enferme des matières organiques dont il observe la transformation à travers le couvercle transparent, ce n’est qu’en 1980 qu’il travaille sa matérialité dans des livres-objets et qu’il en étudie les représentations possibles dans une série de dessins. La production artistique de cette période annonce les recherches sur les pigments, les vernis, les argiles, sur les outils de travail, ainsi que sur l’importance des traces que laisse la main dans l’œuvre. Depuis 1984 et jusqu’à aujourd’hui, le thème prend de l’ampleur et se renouvelle. Le livre est associé à la figure humaine ou au sexe féminin, est rangé sur des étagères de bibliothèques qui tapissent les murs d’un espace clos, tel un microcosme, devient sujet unique des portraits et épouse la coque de bateaux dans les marines, ou encore déborde de la table des natures mortes.

Cette expérience de la connaissance que fait Miquel Barceló irrigue son art. Elle est acte de travail du peintre. Au gré d’un ensemble de peintures, sculptures, dessins, gravures et carnets des années 1970 à 2020, cette exposition éclaire les liens que Barceló tisse entre ses pratiques artistiques et celles de l’écriture et de la lecture.