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il faut qu’elle sache

il faut qu’elle sache
installation de Sophie Jodoin

From 13 January to 18 February 2024

© Sophie Jodoin, il faut qu’elle sache

Introduction

Le travail de Sophie Jodoin interroge les manifestations du féminin, de l’intime, de la perte, de l’absence et du langage. Dans son œuvre hybride et installative, se mêlent dessin, collage, écriture, photo, objet trouvé et vidéo.

À l’origine de il faut qu’elle sache, installation créée en 2017 et revisitée en 2023, se trouve un manuel didactique que l’artiste a défait. Une fois ces pages détachées de la reliure, lues, choisies, analysées, notées et poncées, seuls quelques mots échappent à la disparition formant le point de départ d’un récit en boucle : le portrait d’une femme dont on ne connaît ni le nom, ni le passé, ni le présent, ni le futur.

Le livre devient alors le site d’un chantier, d’une reconstruction, où s’offrent à la lecture photographies brouillées et fragments de langage clinique métamorphosés en discours poétique. Que faut-il savoir ? Qui est cette femme ? Que lui est-il arrivé ? Histoire sans lieu, sans intrigue et sans dénouement, il faut qu’elle sache évoque une vie dans les interstices, en dehors des mots, à même la transparence des pages.

Sophie Jodoin
il faut qu’elle sache
2017-2023
84 pages de livre poncées
25 x 17,5 cm (page simple) et 25 x 35 cm (page double)
Dimensions installation : 125 (hauteur) x 1080 (longueur) x 125 (largeur) cm

Biographie

Sophie Jodoin (1965) est une artiste visuelle qui vit et travaille à Montréal. Son œuvre est présenté au Canada depuis sa première exposition personnelle au Centre Clark en 1992, ainsi qu’aux États-Unis et en Europe. De l’exposition Toi que jamais je ne termine (Musée d’art contemporain, Montréal, 2019), la fêlure (Galerie C, Paris, 2021) à d’un seul souffle (Artexte, Montréal, 2023), ses expositions récentes s’inscrivent dans la continuité de son travail où textes, images et fragments choisis enregistrent les traces d’une vie.

Et encore...

« Sophie Jodoin s’est emparée d’un livre désuet de didactique médicale pour le transmuter en un objet de poésie saisissant et délicat. […]

Du livre initial, il ne subsiste que quelques pages effeuillées, délicatement déposées à plat sur une longue table étroite. La surface se présente telle une grande page blanche tant les mots restants sont épars et les vides, pour qui en fera la lecture, nombreux à combler. […]

Pour faire apparaître le récit hachuré de son personnage féminin, l’artiste a poncé ce qui était de trop dans le langage clinique fourni par l’ouvrage. […]

Le livre devient un corps sur lequel les ablations pratiquées sont en fait génératrices. Le papier jauni de vieillesse se présente d’ailleurs comme une peau ; son fini glacé ne reste que sur les pourtours et sur les rares mots conservés, mis ainsi en surbrillance sur le fond rendu mat par le ponçage. […]

À force de se pencher sur les pages pour fouiller du regard […] le texte clairsemé de cette histoire qui n’en est pas une, c’est l’image de l’artiste au travail qui finit par surgir. » 

Marie-Ève Charron, Le Devoir