Thomas Bernhard
Ténèbres : textes, discours, entretien
Dès sa première visite en 1965, Thomas Bernhard est conquis par la ferme « fortifiée » d’Ohlsdorf. Il conclut l’affaire aussitôt et fait de cette bâtisse délabrée du XIVème siècle sa résidence principale. L’auteur aime y séjourner dans une sorte de « réclusion volontaire », ne recevant que de rares invité·es, n’entretenant guère de relation avec le voisinage. L’expérience de vie recluse qu’il y mène est capitale.Pourtant, Bernhard n’a quasiment jamais écrit dans sa ferme mais lors de voyages à l’étranger. On songe alors à tous les personnages de ses romans qui, comme lui, se retirent pour se consacrer tout entiers à l’œuvre de leur vie en un lieu qui finit par devenir leur prison, leur tombeau : car le travail est impossible ! On songe aussi qu’au contraire de tou·tes les reclus·es volontaires de ses livres, de tou·tes ces affamé·es de solitude devenu·es malades à force de solitude, Bernhard, peut-être, savait partir à temps. Ailleurs, à l’étranger, loin de la ferme, loin, comme il l’écrit dans La Plâtrière, de ces « murs nus », de « ce qui peut blesser », de ce qui « commande les catastrophes de l’intelligence », ailleurs mais sur les ruines des autres une œuvre se construit, malgré tout, une œuvre faite de la défaite de toutes les autres, une œuvre qui ressemble à une ferme, à « ces murs nus », à « ce qui peut blesser », à « ce qui commande les catastrophes de l’intelligence ».
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