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Jeudi en résidence #70 avec Ubah Cristina Ali Farah

« Telles des spores disséminées aux quatre vents du monde »
Ces dernières années, une approche décoloniale de la botanique a remis en question les lectures occidentales, à commencer par les noms de plantes imposés par les colonisateurs comme si les peuples évoluant depuis des siècles dans les mêmes espaces géographiques et temporels que ces plantes n’avaient pas déjà développé leurs propres langages pour les nommer, les décrire et les comprendre. Les noms ne se contentent pas de désigner les êtres et les objets, ils leur sont essentiellemement et contextuellement liés. Ainsi, reconsidérer les noms des végétaux ne vise pas à défaire la nomenclature soi-disant rationnelle surtout utilisée à des fins d’exploitation économique, mais à leur rendre leur caractère sacré intrinsèque. Des processus similaires de divergence de lecture et de compréhension s’observent là où les autochtones ont été soumis·es à la violence coloniale, notamment dans le cas de langues à prédominance orale comme le somali. En écho au concept de « métaspora » du poète québécois d’origine haïtienne Joël Des Rosiers, la métaphore botanique de la germination éclaire la condition des populations migrantes : disséminées aux quatre vents telles les spores, elles renaissent ensuite dans des lieux inattendus, engendrant de nouvelles existences dans leur environnement, revivifiant non seulement leur propre être mais également le monde nouveau dans lequel elles s’enracinent. En résidence à la Fondation, Ubah Cristina Ali Farah, accompagnée de son traducteur vers le français François-Michel Durazzo, partage ses perspectives de travail sur les femmes guérisseuses traditionnelles en exil et leurs défis face à l’exercice de la dénomination dans des milieux de vie modifiés.

Fondation Jan Michalski, le 7 août 2025