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Shichirô Fukazawa
Étude à propos des chansons de Narayama

Étude à propos des chansons de Narayama

C’est dans l’un de ces villages japonais perdu au milieu des montagnes de la région centrale, le Shinshu, que se déroule l’action d’Étude à propos des chansons de Narayama de Shichiro Fukazawa (Gallimard, 2004). Originellement publié en 1956, ce récit fait penser au Pedro Páramo de Juan Rulfo (Gallimard, 2009, catalogue) par sa fausse simplicité, et au Vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway (in : Œuvres romanesques II, Gallimard, 2010, catalogue) pour son allégorie. Le genre de récit cristallisant autour d’une culture profondément locale et qui par alchimie s’arrime à l’universel. Au milieu du XIXe siècle, donc, O’Rin, une vieille dame et sa montagne aux chênes (Narayama). À l’approche de ses 70 ans « l’âge-limite », elle se doit de partir vers la montagne sacrée pour y rencontrer dieu et s’y laisser mourir. Mais avant d’entamer cette pérégrination finale, O’Rin, qui est l’abnégation même, devra régler les dernières anicroches au sein de sa famille et par-là même dévoilera le fonctionnement d’un village perpétuellement tiraillé par la faim. L’avancée du récit se fait grâce à de petites analyses de refrain de chansons populaires. Se dévoilerait ainsi une sorte d’archéologie primitive de l’âme de ce village… Mais Fukazawa n’a fait qu’inventer.Le succès public fulgurant de Narayama et une reconnaissance des plus grand· es dont Tanazaki, Mishima ou Hakucho le mettront sur le devant de la scène jusqu’au moment où il rencontrera de sérieux problèmes politiques en 1969. En effet, dans la nouvelle Furyu mutan (Chuokoron-Shinsha, 1960), il raconta l’un de ses rêves : son attaque contre le palais impérial, la décapitation devant une foule en délire du prince et de la princesse en place. Il disparaît alors de la circulation et finira sa vie comme prospère commerçant de gâteaux fourrés à Tokyo. Il meurt en 1987.Ce court récit a fait l’objet de deux adaptations cinématographiques, l’une en 1958 par Keisuke Kinoshita et une seconde plus connue par Shōhei Imamura qui reçut pour celle-ci la palme d’or à Cannes en 1983.

Edition
Gallimard, Paris, 2004
Translation
Traduit du japonais par Bernard Frank
Proposed in
June 2014
Subcollection
3.60 - Japanese ↗